L’Inde adopte un cadre national pour la blockchain

Le gouvernement indien intègre la technologie blockchain dans certains des systèmes les plus critiques du pays, notamment les registres fonciers, les chaînes d’approvisionnement et le commerce numérique. Le ministère de l’Électronique et des Technologies de l’information (MeitY) ne présente pas la blockchain comme un projet secondaire, mais comme une composante essentielle de l’infrastructure numérique nationale, soutenue par le National Blockchain Framework et la pile technologique Vishvasya-Blockchain Technology Stack. Peu de pays ont tenté une telle adoption à cette échelle, et l’approche de l’Inde traduit une ambition de long terme.

National Blockchain Framework et pile technologique Vishvasya

Sur le plan de la blockchain, le National Blockchain Framework, lancé l’an dernier, est désormais renforcé par la Vishvasya-Blockchain Technology Stack, une plateforme de type blockchain-as-a-service déployée à travers plusieurs centres de données gouvernementaux. Elle constitue l’ossature technique des projets déjà en cours dans des États comme l’Assam, le Chhattisgarh ou le Karnataka. La même stratégie est étendue aux chaînes d’approvisionnement. Dans ces régions, la transparence dans l’agriculture, la pharmacie et la distribution alimentaire est cruciale pour la confiance du public et le respect des réglementations.

Croissance de l’identité numérique grâce à la blockchain

Le lien avec le commerce numérique est tout aussi déterminant, alors que le marché indien de la vente en ligne se dirige vers les 350 milliards de dollars d’ici 2030. La couche d’identité numérique se développe tout aussi rapidement. Le système Aadhaar Face Authentication a franchi le cap des 200 crores de transactions (2 milliards). Le volume a doublé en moins de six mois, illustrant la rapidité de l’adoption. Ce type de vérification instantanée et sans contact soutient des usages allant de l’accès aux aides sociales à la banque numérique.

IA, semi-conducteurs et paiements

D’autres initiatives viennent compléter le cadre blockchain. Le programme IndiaAI a lancé un fonds d’innovation contre le cancer pour financer des outils d’IA dédiés au dépistage précoce et à la gestion des soins. Quatre nouvelles usines de semi-conducteurs ont été approuvées, renforçant la capacité nationale en matière de puces. Les paiements numériques sont désormais disponibles dans tous les bureaux de poste, le projet BharatNet étend la fibre aux derniers villages non connectés, et la plateforme BHASHINI couvre déjà plus de 35 langues indiennes grâce à des services vocaux pilotés par l’IA.

Projections du marché de la blockchain

Toutes ces avancées sont soutenues par la formation et le développement des compétences. Le MeitY s’est associé à des institutions comme l’IIM Ahmedabad pour des programmes de transformation numérique, tandis que l’UIDAI a conclu un partenariat de long terme avec l’ISI afin de renforcer les technologies d’identité numérique. Même dans des secteurs de niche comme les services maritimes, de nouvelles plateformes numériques modernisent la gouvernance.

L’économie numérique représente déjà 11,74 % du PIB indien, soit plus de 31 lakh crores ₹, et devrait atteindre 20 % d’ici 2030. En avril 2025, l’UPI a traité près de 1 900 crores de transactions, pour une valeur avoisinant 25 lakh crores ₹. Le marché de la blockchain en Inde, à lui seul, est attendu à 4,3 milliards de dollars d’ici 2025, avec une croissance annuelle de plus de 47 %, portée à la fois par les projets publics et l’adoption privée.

La blockchain n’est pas seulement envisagée comme un outil d’archivage. Elle est intégrée à l’infrastructure numérique plus large du pays, aux côtés de l’identité, des paiements et de la connectivité. Les chaînes d’approvisionnement et le commerce numérique seront parmi les premiers cas d’usage. Là, sa capacité à améliorer la transparence, réduire la fraude et renforcer la confiance pourra être mesurée par des résultats concrets. Ces avancées s’accompagnent d’investissements dans l’IA et les semi-conducteurs. L’Inde assemble ainsi les pièces d’un système numérique conçu pour être à la fois sécurisé et inclusif.