Binance n’a gelé que 17 % des fonds volés lors du piratage d’Upbit après un délai de 15 heures

Binance fait face à des critiques en Corée du Sud après de nouveaux rapports révélant que la plateforme d’échange n’a gelé qu’une petite partie des fonds volés à Upbit lors du piratage du mois dernier. Selon KBS, la police avait demandé à Binance de bloquer environ 470 millions de KRW en jetons Solana, mais la plateforme n’en a finalement gelé que 80 millions de KRW, soit près de 17 % du total. Le gel est en outre intervenu 15 heures après la demande initiale. Un délai qui soulève des questions sur la rapidité de réaction lors d’incidents de sécurité majeurs.

L’affaire relance le débat sur la manière dont les plateformes d’échange doivent coopérer en situation d’urgence, surtout lorsque les fonds volés circulent rapidement sur plusieurs blockchains.

Les hackers ont blanchi les fonds via des milliers de portefeuilles

Selon les autorités, les auteurs du piratage d’Upbit ont agi très vite. Des analystes en sécurité ont constaté que les attaquants avaient fragmenté les jetons volés à travers une longue chaîne de dépôts et de retraits, utilisant plus d’un millier de portefeuilles. Ils ont aussi recouru à des ponts blockchain et à des swaps pour changer de types de jetons et de réseaux, compliquant davantage la traçabilité.

La plupart de ces fonds blanchis ont atterri dans des portefeuilles de services tiers hébergés sur Binance. C’est pourquoi la police a demandé en urgence à la plateforme de bloquer les actifs avant qu’ils ne puissent être déplacés à nouveau. Toutefois, Binance a indiqué à Upbit et aux enquêteurs qu’elle avait besoin de « vérifications supplémentaires » avant de geler l’intégralité des fonds liés au piratage. Si un gel a finalement été appliqué, il n’a couvert qu’une fraction des montants identifiés sur la plateforme.

Des responsables s’interrogent sur la lente réaction de Binance

KBS rapporte que Binance a informé Upbit du gel partiel vers minuit le 27, soit presque 15 heures après la demande de la police. Selon des experts, ce délai a probablement permis à une partie des actifs volés d’échapper aux mesures de blocage. Pour Cho Jae-woo, professeur à l’université Hansung, cette réaction est préoccupante. Il souligne que la rapidité est essentielle pour limiter les pertes après un piratage, mais que les plateformes hésitent souvent en raison des risques juridiques ou de l’incertitude entourant certains cas.

Il estime que le secteur a besoin d’un système d’urgence mondial plus structuré, permettant aux plateformes de geler immédiatement les fonds suspects en cas de crise. Cho propose la création d’une sorte de « hotline » mondiale ou d’un groupe d’intervention rapide doté d’une autorité préapprouvée. Un tel dispositif, selon lui, pourrait aider à éviter que les piratages futurs ne se traduisent par des pertes massives et irrécupérables.

Les SOL volés convertis en Ethereum après le gel

Les enquêteurs ont également confirmé que la majorité des jetons Solana volés ont désormais été convertis en Ethereum. Une manœuvre qui laisse penser que les hackers recherchent une liquidation plus aisée, l’ETH étant la deuxième crypto la plus liquide après le Bitcoin. Binance, pour sa part, a refusé d’expliquer pourquoi elle n’a gelé qu’une partie des fonds ou pourquoi l’opération a pris autant de temps.

La plateforme s’est limitée à indiquer qu’elle « ne peut pas commenter des enquêtes en cours », tout en assurant qu’elle continuera de coopérer avec les autorités. Malgré cela, ce gel partiel relance le débat sur la capacité des grandes plateformes mondiales à réagir suffisamment vite lors de piratages majeurs, et sur les changements nécessaires pour empêcher les criminels de prendre de vitesse le système.